Je ne détaillerai pas l'installation de Postfix ici (reportez vous au fichier INSTALL). Simplement deux choses sont à noter. Il est d'abord préférable de créer avant toute chose un utilisateur postfix (ou ce que vous voulez) qui sera le propriétaire de la file d'attente :
$groupadd -g 101 postfix $useradd -u 101 -g 101 --disable-password -d /var/spool/postfix -s /bin/false postfixAjoutez-le aussi dans le fichier /etc/aliases :
postfix: rootEnsuite au cours de la procédure d'installation deux solutions sont proposées pour soumettre des mails. Soit le répertoire /var/spool/postfix/maildrop sera accessible à tout le monde, et dans ce cas-là il aura les permissions 1733, soit le programme postdrop aura le bit set-gid positionné. Le fichier INSTALL précise par exemple pour la première solution qu'il est possible qu'un utilisateur local surcharge la file d'attente dans le but de crasher le serveur. Une totale confiance dans les utilisateurs locaux est donc nécessaire, ce qui n'est pas vraiment une bonne solution. Nous retiendrons donc la deuxième solution. Le fichier INSTALL décrit la procédure pour rendre postdrop set-gid.
Pour éviter que l'on utilise votre serveur smtp comme relai de messagerie, vous devez configurer le paramètre smtp_recipient_restrictions dans le fichier principal de configuration /etc/postfix/main.cf. Il regarde en fait le champ RCPT TO.
smtpd_recipient_restrictions = permit_mynetworks,check_relay_domainsLa valeur permit_mynetworks autorise postfix à relayer les mails... Ce qui n'est pas une mauvaise solution. La valeur permit_mynetworks signifie que postfix autorise à relayer les mails venant d'adresses IP contenues dans $mynetworks. La valeur check_relay_domains elle, permet soit de relayer des messages venant d'adresses IP contenues dans $relay_domains, soit à destination de $relay_domains, ou bien si la destination est $inet_interfaces, $mydestination, ou $virtual_maps. Reste a définir ces valeurs toujours dans main.cf :
mynetworks = 192.168.0.0/24, 127.0.0.0/8 relay_domain = domain.frD'autres valeurs existent. Par exemple, reject_unknown_recipient_domain permet de rejeter les mails si le domaine de l'adresse mail du destinataire n'est pas resolvable. Beaucoup d'autres valeurs existent. La documentation html/uce.html vous en dira plus sur ces valeurs.
Plutôt qu'une longue explication, voici une définition du chroot (issu du jargon http://www.linux-france.org/prj/jargonf) :
" Commande modifiant l'emplacement de la racine du système de fichier, par exemple pour leurrer un programme afin que des utilisateurs malintentionnés ne puissent pas s'aventurer dans la vraie racine. Surtout utilisé pour les serveurs FTP."
Le fait de chrooter Postfix ne rend pas notre système impénétrable, mais limite tout de même les possibilités d'intrusion. Nous avons deux solutions pour mettre en place le chroot. Soit nous utilisons le script examples/chroot_setup/LINUX2 et nous l'adaptons éventuellement, soit nous faisons tout manuellement. Dans les deux cas, les répertoires etc, usr/lib, lib sont créés dans le répertoire /var/spool/postfix, certains fichiers sont copiés et postfix est rechargé. Personnellement, j'ai utilisé le script qui fonctionnait très bien chez moi.
Le fichier de configuration /etc/postfix/master.cf doit ensuite être adapté pour définir la façon dont sont executés les différents progammes de Postfix:
# # Postfix master process configuration file. Each line describes how # a mailer component program should be run. The fields that make up # each line are described below. A "-" field value requests that a # default value be used for that field. # # ========================================================================== # service type private unpriv chroot wakeup maxproc command + args # (yes) (yes) (yes) (never) (50) # ========================================================================== smtp inet n - y - - smtpd pickup fifo n n y 60 1 pickup cleanup unix - - y - 0 cleanup qmgr fifo n - y 300 1 qmgr #qmgr fifo n - y 300 1 nqmgr rewrite unix - - n - - trivial-rewrite bounce unix - - y - 0 bounce defer unix - - n - 0 bounce flush unix - - y 1000? 0 flush smtp unix - - y - - smtp showq unix n - y - - showq error unix - - n - - error local unix - n n - - local virtual unix - n n - - virtual lmtp unix - - n - - lmtp cyrus unix - n n - - pipe flags=R user=cyrus argv=/cyrus/bin/deliver -e -m ${extension} ${user} uucp unix - n n - - pipe flags=F user=uucp argv=uux -r -n -z -a$sender - $nexthop!rmail ($recipient) ifmail unix - n n - - pipe flags=F user=ftn argv=/usr/lib/ifmail/ifmail -r $nexthop ($recipient) bsmtp unix - n n - - pipe flags=F. user=foo argv=/usr/local/sbin/bsmtp -f $sender $nexthop $recipientCe fichier de configuration décrit la facon dont chaque programme de Postfix est lancé. Pour cela, le champ chroot est mis à 'y' pour chaque service que nous utilisons et que nous voulons chrooter. Les autres services peuvent rester par défaut. Un petit reload de postfix s'impose:
$postfix reload
Là encore, Postfix se distingue par sa simplicité de configuration. Pour éviter le spam, vous avez deux paramètres à configurer dans le fichier main.cf : smtpd_client_restrictions et smtpd_sender_restrictions. Le premier agit au niveau de la connexion d'un client sur le serveur de mail, tandis que le deuxième vérifie le champ MAIL FROM du mail.
Voici la facon dont j'ai configuré ces deux paramètres:
smtpd_client_restrictions = reject_unknown_client, permit_mynetworks, \ check_client_access hash:/etc/postfix/access, reject_maps_rbl smtpd_sender_restrictions = reject_unknown_sender_domain, check_sender_access hash:/etc/postfix/access, \ reject_non_fqdn_sender, reject_maps_rblNote : Les anti-slashes signifient que les valeurs doivent etre sur la meme ligne. En ce qui concerne smtpd_client_restrictions :
Quant à smtpd_sender_restrictions :
Reste donc à paramétrer le fichier /etc/postfix/access :
$/bin/cat /etc/postfix/access valide@domain.com OK non-valide@domain.com REJECT spam.com REJECT
Un 'man 5 access'
vous donne plus de précisions sur ce fichier
et la façon de le configurer.
Une fois terminé, et à chaque modification ultérieure de ce fichier, il faut reconstruire la base de données correspondante:
$postmap /etc/postfix/access $ls -l /etc/postfix/access* -rw-r--r-- 1 root root 17 May 1 21:39 /etc/postfix/access -rw-r--r-- 1 root root 4096 May 1 21:39 /etc/postfix/access.db
Nous venons de voir que Postfix permet de filtrer les mails entrants. Il permet en plus le filtrage des headers des messages à l'aide d'expressions régulières. Tout ce qu'il vous suffit de faire est de paramétrer header_checks dans le fichier main.cf :
header_checks = regexp:/etc/postfix/regexp
ou le fichier /etc/postfix/regexp contient par exemple:
/^postmaster@.*$/ OK /^To: foobar/ REJECTUn
'man 5 regexp_table'
vous donnera de plus amples
renseignements au sujet de ce fichier.
Quelques paramètres restent à configurer pour que notre serveur mail soit assez sécurisé. Le paramètre mail_name dans main.cf définit le nom du logiciel de mail dans l'entête "Receveid:". L'intérêt ici est de diffuser le moins d'information possible. Donc si nous mettons mail_name = Microsoft Exchange, voila ce qui apparaitra dans les entêtes des mails:
Received: by neptune.galaxie.fr (Microsoft Exchange , from userid 1000) id F0A42C946; Wed, 2 May 2001 00:18:32 +200 (CEST)
C'est aussi possible de configurer la bannière :
mail_version = 5.5 smtpd_banner = ESMTP $mail_name ($mail_version)
Voici ce que nous obtenons:
$telnet localhost 25 Trying 127.0.0.1... Connected to neptune. Escape character is '^]'. 220 ESMTP Microsoft Exchange (5.5)
Dernier paramètre à configurer, disable_vrfy_command toujours dans le fichier main.cf. Il suffit de le mettre à 'yes' pour désactiver la commande vrfy. Cette commande sert à vérifier les utilisateurs valides. Pour la commande expn, il n'y a rien à faire car elle n'est pas implémentée dans Postfix.
Autre point important, le démon syslogd. Vous devez le configurer pour qu'il prenne en compte les logs de votre serveur de mail. Rajoutez donc dans votre syslog.conf, les lignes suivantes :
mail.* /var/log/mail.log mail.info /var/log/mail.info mail.warn /var/log/mail.warn mail.err /var/log/mail.errEt relancez le démon syslogd.
Toutes les fonctionnalités de Postfix n'ont pu être abordées dans ce document. Des sujets tels que l'intégration d'OpenLDAP, ou de TLS dans Postfix (serveur de mail sécurisé) auraient été très interessants à étudier. Une dernière chose qu'il est utile de préciser : aucune vulnérabilité à ma connaissance sur Postfix ne semble avoir été découverte.
Last modified: Fri Jun 12 11:44:28 CET 2001