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Subject: Fwd: (fr) Retour sur la violence pendant les 
manifs contre le G8 à Gênes
Date: 22/04/2003 23:07:49

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 « LA VIOLENCE, C'EST PAS BIEN ! » :

          Assez d'hypocrisie. Qui a cru que ça pouvait 
bien (ou même pas
trop mal) se passer à Gênes ??? 8 salopards, accros au
capitalisme, qui règnent sur le monde se réunissent 
entouré
d'une armée de flics italiens (dont la réputation n'est 
plus à
faire), des centaines d'organisations diverses appellent 
des
dizaines et des dizaines de milliers de gens à essayer 
de
pénétrer dans le périmètre interdit le 20 Juillet, après
Göteborg où la police a déjà tiré, en Italie où les 
traditions
de luttes sociales sont pas spécialement marquée par la 
pensée
de Gandhi... Qui peut bien être étonné par ce qui s'est 
passé ???
Qui joue les étonnés et pourquoi ???

          Je n'ai rien contre les pacifistes mais, SVP, 
pas de leçons de
morale judéo-chrétienne à 2 francs. La violence et la 
répression
sont, malheureusement, très souvent une dimension 
incontournable
des mouvements sociaux de résistance au capitalisme. Il 
n'y a
guère que dans la gauche occidentale et depuis peu (20 
ans
environ) qu'on semble l'avoir oublié à ce point . Des 
morts, il
y en aura d'autres. Les états et le capital ne feront 
pas de
cadeaux. La résistance, comme beaucoup de choses, a un 
prix.
Vous êtes priés d'atterrir.

          Quand à l'abominable Black Block qui dérange 
tant de monde, il
était là à Seattle, à Washington, à Davos, à Prague, à 
Gôteborg,
à Gênes (sans compter Nice où il y a eu des violences... 
mais
pas de Black Block !!! Allez y comprendre quelque 
chose...) et
il resurgira là où il faudra quand il le faudra. Depuis 
le
début, le BB fait ce qu'il pense avoir à faire, 
unilatéralement,
sans s'occuper de ce qu'en pense « la gauche respectable 
et
responsable » (en politiquement correct dans le texte). 
Il n'a
jamais demandé d'agrément à qui que ce soit et ne le 
fera
jamais. Il ne cherche pas à plaire. Comme le disait un 
gars du
BB : « Si on attend que les sociaux-démocrates viennent 
nous
inviter, on va pouvoir attendre chez nous très, très, 
très, très
longtemps... alors, soyons autonomes, faisons notre truc 
! ».

          Renvoyer dos à dos, la violence de la police 
et celle du BB,
c'est comme renvoyer dos à dos celle des jeunes 
palestiniens qui
lancent des pierres et celle de l'armée israélienne qui 
les abat
au fusil d'assaut. C'est honteux mais plus d'un 
journaliste,
plus d'un « leader » politique, associatif, syndical le 
fait.
Certains vont même jusqu'à se demander pourquoi la 
police n'a
rien fait de manière préventive contre le BB (CASSEN 
entre
autres). Ça veut dire quoi Mr Cassen d'ATTAC ??? Il faut 
aller
au bout de ce que sous-entend de manière puante votre
déclaration !!! Allons, du courage !!! Réclamez les 
arrestations
préventives sur la base du « délit d'opinion radicales 
»...

                    UNE REALITE QUI DERANGE :

          Tous (gouvernements, associations, partis et 
syndicats «
responsables ») cherchent à dissimuler un aspect 
dérangeant des
évènements de Gênes et pratiquent en conséquence une 
certaine
désinformation avec la complicité objective des médias. 
Tous
rendent le Black Block responsable des violences et de 
la casse
commises coté manifestants. Il a bon dos le BB. Comme 
c'est
simple! Trop simple! Simpliste même! Le BB sert de
bouc-émissaire. Il sert à occulter un fait précis.

          Le vendredi 20 juillet 2001, la violence a 
assez largement
dépassé l'action du BB. D'après ce que j'ai pu voir, ce 
sont des
milliers de personnes qui ont participé (ou soutenu) 
activement
ou passivement, régulièrement ou sporadiquement,
systématiquement ou occasionnellement aux affrontements.

          Il y avait de tout parmi ces gens: Du BB bien 
sur mais aussi
          pas
mal de syndicalistes de base des COBAS (mais ça, les 
leaders des
COBAS ne l'assument pas), des jeunes de Diritti Globali, 
des
groupes marxistes-léninistes qui ne faisaient pas partie 
du BB,
des tas de Tute Bianche (ça, les leaders des Tute 
Bianche ne
l'assument pas non plus) et des centaines et des 
centaines de
jeunes inorganisés...

          La casse est essentiellement le fait du BB 
mais aussi, de façon
secondaire, le fait de petits groupes marxistes-
léninistes et de
gens des COBAS et de DG (qui ont participé à l'attaque 
de plus
d'une banque...). Les Tute Bianche s'en sont pris à 
quelques
voitures Via Tolemaide poussés par la nécessité de 
monter des
ébauches de barricades. Ils ont copieusement utilisé 
aussi le
mobilier urbain.

          Les affrontements les plus acharnés (ainsi que 
la mort du jeune
manifestant) ont eu lieu, du milieu à la fin de l'après-
midi,
dans le secteur de la Via Tolemaide. Dans ce secteur, 
les
centaines et les centaines d'émeutiers des premières 
lignes et
les centaines et centaines d'autres qui s'aéraient et se
reposaient un peu plus loin ( au milieu de tas de gens 
qui, sans
participer à l'émeute, la soutenait en étant présent
physiquement, à proximité) étaient majoritairement des 
Tute
Bianche et des inorganisés qui avaient suivi leur 
cortège. Ça
sautait aux yeux car les émeutiers portaient 
essentiellement des
protections « à la mode Tute Bianche ». Il y avait pas 
mal
petits groupes du BB et aussi quelques-uns des COBAS 
mais
minoritaires. Ça aussi, ça se voyait car les gens du BB 
et des
COBAS avaient eux aussi un certain « style » 
d'équipement et, le
moins qu'on puisse dire, c'est que les Tute Bianche qui 
se
battaient étaient loins d'être à la traîne. On peut même 
dire
qu'ils étaient enragés.

          De toutes façons, pour des masses de gens, le 
vendredi 20 était
le jour (attendu avec une grande détermination), de « 
l'attaque
de la zone rouge » . C'est comme ça, sans fioritures, 
que
parlaient des tas de gens. Il s'agissait d'attaquer!!!
Spontanément, des tas de gens avaient une vision 
offensive de
cette journée. Si tant de gens ont suivi les Tute 
Bianche, c'est
parce qu'ils proposaient concrètement d'enfoncer les 
lignes
policières.

                    Cet aspect des évènements est 
extrêmement dérangeant
                    :

          -- Pour les gouvernements du G8 car cela 
signifie qu'entre eux
          et
une partie minoritaire, mais pas négligeable, du 
mouvement
anti-mondialisation, ce n'est plus un fossé qui existe 
mais un
gouffre ! Et ils savent qu'ils ne pourront pas le 
combler. Ils
savent que des masses de gens n'attendent plus rien 
d'eux et
commencent à penser, agir et s'organiser (même si c'est
confusément) en dehors des règles du système. Que tant 
de gens,
ce jour là, aient concrètement et radicalement dépassé 
la peur
de la police et défié, renié leur autorité, leur 
légitimité,
leur puissance, leur « drôle de paix » si terrible et si
juteuse, voilà quelques chose qu'ils ne peuvent pas 
assumer
politiquement, symboliquement, médiatiquement. Gênes a 
été une
flambée de révolte qui couvait depuis longtemps, la
manifestation d'une renaissance diffuse de formes de
conflictualité inintégrables, indigérables en l'état 
actuel des
choses. Les troubles doivent donc impérativement être 
mis sur le
dos d'extrémistes ultra-minoritaires complètement isolés 
du
reste du mouvement, mouvement avec lequel les Etats du 
G8 se
prétendent prêt au dialogue « responsable et 
démocratique »,
voire, s'il le faut, à négocier des miettes et des 
aménagements
de façade.

          -- Pour les associations, partis et syndicats 
qui se veulent «
responsables et représentatifs » car cela signifie 
qu'ils ne
contrôlent pas, ou plus, ou pas assez leurs « troupes » 
durant
les énormes manifestations qu'ils organisent. Pire, ce 
qui s'est
passé à Gênes, donne à penser qu'une minorité des gens 
qui
viennent dans ces manifs (en particulier des fractions 
assez
importantes de la jeunesse) se fout bien de leurs 
consignes et
de leurs savants calculs stratégiques et ça, quelque 
part, cela
remet en cause leur représentativité ainsi que leur 
caractère
responsable, car est-il bien responsable d'appeler à 
d'immenses
manifs, à pénétrer dans la zone rouge alors qu'on est 
incapable
de contrôler la situation ??? Associations, partis, 
syndicats
traditionnels, eux aussi ont été débordés.
          Or, on ne peut pas apparaître, être reconnu 
comme un
interlocuteur valable, crédible, sérieux, responsable 
aux yeux
des maîtres du monde (et se voir ainsi aménager
réglementairement une petite place au sein des grandes
institutions politiques et financières internationales) 
si on
est incapable de tenir sa « base », s'il apparaît même 
qu'une
partie de celle-ci ne tient pas compte du « sommet » et 
qu'elle
va jusqu'à remettre spontanément et concrètement en 
question la
validité des choix politiques et pratiques effectués par
celui-ci.
          D'où les éructations d'Agnoletto, des 
dirigeants des Tute
Bianche, de José Bové, Susan Georges et consorts contre 
le Black
Block. Là encore, les évènements de gênes doivent 
impérativement
être mis sur le dos du Black Block.
          Tous 2 débordés, pouvoir et coalition anti-
mondialisation «
officielle » cherchent à sauver les apparences grâce au 
Black
Block, le pouvoir parce qu'il a été durement contesté et 
la
coalition parce qu'elle veut être représentée et 
intégrée (avant
d'être digérée) dans les institutions et pour cela, elle 
doit
donner des gages de « respectabilité » (montrer que même 
si elle
conteste certains aspects du monde, elle ne veut pas le 
changer
vraiment, montrer que sous un remaniement de certaines 
formes,
c'est bien le même monde qu'elle veut). Ce que veut la 
coalition
(ou, en tout cas une grande partie de celle-ci), c'est 
que le
paritarisme soit étendu du domaine des relations 
sociales
nationales à celui des relations sociales et 
environnementales
internationales. C'est ça la logique profonde d'une 
bonne partie
de la coalition.



          Les évènements de Gênes ont eu le mérite de 
pousser les grandes
puissances dans leur retranchement au sens propre comme 
au sens
figuré. Au sens propre car ils ont tenu leur sommet dans 
un camp
retranché, entouré d'une armée de flics, ce qui ne les a 
pas
empêché d'être symboliquement assiégé et attaqué. Au 
sens figuré
car leur image a été fortement dégradée (quoi qu'ils en 
disent)
et parce qu'on les a mis sur la défensive politiquement.

          En ce qu'ils ont été très dérangeants, les 
événement de Gênes
(et les efforts pour les déformer et les occulter) ont 
également
l'immense mérite de faire remonter au grand jour, en 
pleine
lumière les logiques souterraines convergentes qui 
animent le
pouvoir en quête d'interlocuteurs, d'une part, et sa «
contestation responsable » en quête de reconnaissance
institutionnelle, d'autre part..

CE TEXTE EST MODESTEMENT DEDIE A LA MEMOIRE DE CARLO 
GIULIANI ABATTU PAR
UN CON DE FLIC MORT DE TROUILLE.

SALUT AUX GENS QUI SE SONT BATTUS DANS LES RUES DE GENES 
ET A CELLES ET
CEUX QUI LES ONT SOUTENUS !!!

LA RESISTANCE CONTRE LE CAPITAL ET LES ETATS N'A PAS 
COMMENCE A SEATTLE
ET ELLE NE S'ARRETERA PAS A GENES.


Un anarchiste,
quelque part en France,
fin juillet 2001.




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