From: revolutionnow@no-log.org To: a-infos-fr@ainfos.ca Reply-To: a-infos-fr@ainfos.ca Subject: Fwd: (fr) Retour sur la violence pendant les manifs contre le G8 à Gênes Date: 22/04/2003 23:07:49 _________________________________________________ A G E N C E D E P R E S S E A - I N F O S http://www.ainfos.ca/ http://ainfos.ca/index24.html _________________________________________________ « LA VIOLENCE, C'EST PAS BIEN ! » : Assez d'hypocrisie. Qui a cru que ça pouvait bien (ou même pas trop mal) se passer à Gênes ??? 8 salopards, accros au capitalisme, qui règnent sur le monde se réunissent entouré d'une armée de flics italiens (dont la réputation n'est plus à faire), des centaines d'organisations diverses appellent des dizaines et des dizaines de milliers de gens à essayer de pénétrer dans le périmètre interdit le 20 Juillet, après Göteborg où la police a déjà tiré, en Italie où les traditions de luttes sociales sont pas spécialement marquée par la pensée de Gandhi... Qui peut bien être étonné par ce qui s'est passé ??? Qui joue les étonnés et pourquoi ??? Je n'ai rien contre les pacifistes mais, SVP, pas de leçons de morale judéo-chrétienne à 2 francs. La violence et la répression sont, malheureusement, très souvent une dimension incontournable des mouvements sociaux de résistance au capitalisme. Il n'y a guère que dans la gauche occidentale et depuis peu (20 ans environ) qu'on semble l'avoir oublié à ce point . Des morts, il y en aura d'autres. Les états et le capital ne feront pas de cadeaux. La résistance, comme beaucoup de choses, a un prix. Vous êtes priés d'atterrir. Quand à l'abominable Black Block qui dérange tant de monde, il était là à Seattle, à Washington, à Davos, à Prague, à Gôteborg, à Gênes (sans compter Nice où il y a eu des violences... mais pas de Black Block !!! Allez y comprendre quelque chose...) et il resurgira là où il faudra quand il le faudra. Depuis le début, le BB fait ce qu'il pense avoir à faire, unilatéralement, sans s'occuper de ce qu'en pense « la gauche respectable et responsable » (en politiquement correct dans le texte). Il n'a jamais demandé d'agrément à qui que ce soit et ne le fera jamais. Il ne cherche pas à plaire. Comme le disait un gars du BB : « Si on attend que les sociaux-démocrates viennent nous inviter, on va pouvoir attendre chez nous très, très, très, très longtemps... alors, soyons autonomes, faisons notre truc ! ». Renvoyer dos à dos, la violence de la police et celle du BB, c'est comme renvoyer dos à dos celle des jeunes palestiniens qui lancent des pierres et celle de l'armée israélienne qui les abat au fusil d'assaut. C'est honteux mais plus d'un journaliste, plus d'un « leader » politique, associatif, syndical le fait. Certains vont même jusqu'à se demander pourquoi la police n'a rien fait de manière préventive contre le BB (CASSEN entre autres). Ça veut dire quoi Mr Cassen d'ATTAC ??? Il faut aller au bout de ce que sous-entend de manière puante votre déclaration !!! Allons, du courage !!! Réclamez les arrestations préventives sur la base du « délit d'opinion radicales »... UNE REALITE QUI DERANGE : Tous (gouvernements, associations, partis et syndicats « responsables ») cherchent à dissimuler un aspect dérangeant des évènements de Gênes et pratiquent en conséquence une certaine désinformation avec la complicité objective des médias. Tous rendent le Black Block responsable des violences et de la casse commises coté manifestants. Il a bon dos le BB. Comme c'est simple! Trop simple! Simpliste même! Le BB sert de bouc-émissaire. Il sert à occulter un fait précis. Le vendredi 20 juillet 2001, la violence a assez largement dépassé l'action du BB. D'après ce que j'ai pu voir, ce sont des milliers de personnes qui ont participé (ou soutenu) activement ou passivement, régulièrement ou sporadiquement, systématiquement ou occasionnellement aux affrontements. Il y avait de tout parmi ces gens: Du BB bien sur mais aussi pas mal de syndicalistes de base des COBAS (mais ça, les leaders des COBAS ne l'assument pas), des jeunes de Diritti Globali, des groupes marxistes-léninistes qui ne faisaient pas partie du BB, des tas de Tute Bianche (ça, les leaders des Tute Bianche ne l'assument pas non plus) et des centaines et des centaines de jeunes inorganisés... La casse est essentiellement le fait du BB mais aussi, de façon secondaire, le fait de petits groupes marxistes- léninistes et de gens des COBAS et de DG (qui ont participé à l'attaque de plus d'une banque...). Les Tute Bianche s'en sont pris à quelques voitures Via Tolemaide poussés par la nécessité de monter des ébauches de barricades. Ils ont copieusement utilisé aussi le mobilier urbain. Les affrontements les plus acharnés (ainsi que la mort du jeune manifestant) ont eu lieu, du milieu à la fin de l'après- midi, dans le secteur de la Via Tolemaide. Dans ce secteur, les centaines et les centaines d'émeutiers des premières lignes et les centaines et centaines d'autres qui s'aéraient et se reposaient un peu plus loin ( au milieu de tas de gens qui, sans participer à l'émeute, la soutenait en étant présent physiquement, à proximité) étaient majoritairement des Tute Bianche et des inorganisés qui avaient suivi leur cortège. Ça sautait aux yeux car les émeutiers portaient essentiellement des protections « à la mode Tute Bianche ». Il y avait pas mal petits groupes du BB et aussi quelques-uns des COBAS mais minoritaires. Ça aussi, ça se voyait car les gens du BB et des COBAS avaient eux aussi un certain « style » d'équipement et, le moins qu'on puisse dire, c'est que les Tute Bianche qui se battaient étaient loins d'être à la traîne. On peut même dire qu'ils étaient enragés. De toutes façons, pour des masses de gens, le vendredi 20 était le jour (attendu avec une grande détermination), de « l'attaque de la zone rouge » . C'est comme ça, sans fioritures, que parlaient des tas de gens. Il s'agissait d'attaquer!!! Spontanément, des tas de gens avaient une vision offensive de cette journée. Si tant de gens ont suivi les Tute Bianche, c'est parce qu'ils proposaient concrètement d'enfoncer les lignes policières. Cet aspect des évènements est extrêmement dérangeant : -- Pour les gouvernements du G8 car cela signifie qu'entre eux et une partie minoritaire, mais pas négligeable, du mouvement anti-mondialisation, ce n'est plus un fossé qui existe mais un gouffre ! Et ils savent qu'ils ne pourront pas le combler. Ils savent que des masses de gens n'attendent plus rien d'eux et commencent à penser, agir et s'organiser (même si c'est confusément) en dehors des règles du système. Que tant de gens, ce jour là, aient concrètement et radicalement dépassé la peur de la police et défié, renié leur autorité, leur légitimité, leur puissance, leur « drôle de paix » si terrible et si juteuse, voilà quelques chose qu'ils ne peuvent pas assumer politiquement, symboliquement, médiatiquement. Gênes a été une flambée de révolte qui couvait depuis longtemps, la manifestation d'une renaissance diffuse de formes de conflictualité inintégrables, indigérables en l'état actuel des choses. Les troubles doivent donc impérativement être mis sur le dos d'extrémistes ultra-minoritaires complètement isolés du reste du mouvement, mouvement avec lequel les Etats du G8 se prétendent prêt au dialogue « responsable et démocratique », voire, s'il le faut, à négocier des miettes et des aménagements de façade. -- Pour les associations, partis et syndicats qui se veulent « responsables et représentatifs » car cela signifie qu'ils ne contrôlent pas, ou plus, ou pas assez leurs « troupes » durant les énormes manifestations qu'ils organisent. Pire, ce qui s'est passé à Gênes, donne à penser qu'une minorité des gens qui viennent dans ces manifs (en particulier des fractions assez importantes de la jeunesse) se fout bien de leurs consignes et de leurs savants calculs stratégiques et ça, quelque part, cela remet en cause leur représentativité ainsi que leur caractère responsable, car est-il bien responsable d'appeler à d'immenses manifs, à pénétrer dans la zone rouge alors qu'on est incapable de contrôler la situation ??? Associations, partis, syndicats traditionnels, eux aussi ont été débordés. Or, on ne peut pas apparaître, être reconnu comme un interlocuteur valable, crédible, sérieux, responsable aux yeux des maîtres du monde (et se voir ainsi aménager réglementairement une petite place au sein des grandes institutions politiques et financières internationales) si on est incapable de tenir sa « base », s'il apparaît même qu'une partie de celle-ci ne tient pas compte du « sommet » et qu'elle va jusqu'à remettre spontanément et concrètement en question la validité des choix politiques et pratiques effectués par celui-ci. D'où les éructations d'Agnoletto, des dirigeants des Tute Bianche, de José Bové, Susan Georges et consorts contre le Black Block. Là encore, les évènements de gênes doivent impérativement être mis sur le dos du Black Block. Tous 2 débordés, pouvoir et coalition anti- mondialisation « officielle » cherchent à sauver les apparences grâce au Black Block, le pouvoir parce qu'il a été durement contesté et la coalition parce qu'elle veut être représentée et intégrée (avant d'être digérée) dans les institutions et pour cela, elle doit donner des gages de « respectabilité » (montrer que même si elle conteste certains aspects du monde, elle ne veut pas le changer vraiment, montrer que sous un remaniement de certaines formes, c'est bien le même monde qu'elle veut). Ce que veut la coalition (ou, en tout cas une grande partie de celle-ci), c'est que le paritarisme soit étendu du domaine des relations sociales nationales à celui des relations sociales et environnementales internationales. C'est ça la logique profonde d'une bonne partie de la coalition. Les évènements de Gênes ont eu le mérite de pousser les grandes puissances dans leur retranchement au sens propre comme au sens figuré. Au sens propre car ils ont tenu leur sommet dans un camp retranché, entouré d'une armée de flics, ce qui ne les a pas empêché d'être symboliquement assiégé et attaqué. Au sens figuré car leur image a été fortement dégradée (quoi qu'ils en disent) et parce qu'on les a mis sur la défensive politiquement. En ce qu'ils ont été très dérangeants, les événement de Gênes (et les efforts pour les déformer et les occulter) ont également l'immense mérite de faire remonter au grand jour, en pleine lumière les logiques souterraines convergentes qui animent le pouvoir en quête d'interlocuteurs, d'une part, et sa « contestation responsable » en quête de reconnaissance institutionnelle, d'autre part.. CE TEXTE EST MODESTEMENT DEDIE A LA MEMOIRE DE CARLO GIULIANI ABATTU PAR UN CON DE FLIC MORT DE TROUILLE. SALUT AUX GENS QUI SE SONT BATTUS DANS LES RUES DE GENES ET A CELLES ET CEUX QUI LES ONT SOUTENUS !!! LA RESISTANCE CONTRE LE CAPITAL ET LES ETATS N'A PAS COMMENCE A SEATTLE ET ELLE NE S'ARRETERA PAS A GENES. Un anarchiste, quelque part en France, fin juillet 2001. ******* ******* ****** Agence de Presse A-Infos ****** Information d'intérêt pour et au sujet des anarchistes Pour s'abonner -> écrire à LISTS@AINFOS.CA avec le message suivant: SUBSCRIBE A-INFOS-FR Pour plus d'info -> http://www.ainfos.ca Vous voulez reproduire ce message? Pas de problème, veuillez simplement inclure cette section.